Depuis le début du confinement lié à la covid-19 (SARS-Cov-2), la quasi-totalité des pratiquants d’Aïkido n’a presque pas pratiqué pendant plus d’un an.
Plusieurs éléments doivent être pris en considération lors de la reprise.
Les effets bénéfiques d’un entraînement se maintiennent avec un entraînement régulier. Ce qui n’a évidemment pas été le cas pour les Aïkidokas, sauf pour ceux ayant changé leur entraînement pour la course à pied, le cyclisme…
La perte des capacités physiques est malheureusement assez rapide. Même lorsque l’on atteint un certain niveau de capacités physiques à l’effort, en arrêtant l’entraînement, on commence à perdre significativement ses capacités physiques après 2 semaines d’arrêt, on perd 50% de celles-ci en 1 à 3 mois et la presque totalité en 8 mois. A la rentrée, les pratiquants auront donc perdu la presque totalité des capacités physiques à l’effort acquises grâce à l’entraînement régulier.
La perte de la « technicité » d’un mouvement sportif suit également une décroissance rapide avec de grandes variations selon l’ancienneté, le nombre d’entraînements, le niveau technique etc. Les techniques seront dans leurs détails perdues en partie, et les chutes seront à reprendre, pour certains, à leur point de départ. On déconseille donc fortement les chutes « enlevées » lors des premiers entraînements : la reprise doit être construite sur une progressivité de la pratique (rythme, chutes, techniques…).
L’aïkido repose sur une combinaison de mouvements concentriques (avec pour conséquences un raccourcissement des fibres musculaires, et un rapprochement des points d’insertion musculaires) et excentriques (c’est l’inverse de concentrique). Chez les pratiquants non entraînés, les mouvements excentriques peuvent facilement générer des blessures.
Sur les plans technique et physique, une reprise progressive, notamment dans l’intensité et le rythme, est recommandée. L’exemple de la reprise du sport, par exemple, chez les footballeurs professionnels montrent que les accidents sont malheureusement fréquents même chez des athlètes ayant gardé un bon niveau d’entraînement, par un télé-coaching et avec un équipement d’entraînement physique à leur domicile, leur permettant de maintenir une bonne condition physique.
On peut facilement imaginer chez les pratiquants les effets délétères d’un confinement, suivi d’une non reprise d’activité physique régulière à partir de mai, et leur retour sur les tatamis en septembre.
En caricaturant on pourrait dire qu’à la rentrée nous serons ou redeviendrons tous des débutants non entraînés… ce qui n’est pas si mal, sur le plan mental.
Philippe DUC
Références
1. Coyle EF, Martin WH 3rd, Sinacore DR, Joyner MJ, Hagberg JM, Holloszy JO. Time course of loss of adaptations after stopping prolonged intense endurance training. J Appl Physiol. 1984;57(6):1857-1864.
2. Nordesjo LO, Ollander B, Saltin B. Physical conditioning through interval training with young male adults. Med Sci Sports Exerc. 1973.
3. Fringer MN, Stull GA. Changes in cardiorespiratory parameters during periods of training and detraining in young adult females. Med Sci Sports. 1974.